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L’absence de père, au sens « Ulysse », est ce que Freud a très bien vu, dans son dernier livre.
Livre remarquable comme leçon d’un chercheur authentique, où seule la vérité historique guide son travail publié en 1913.
Les aspects religieux, au sens du dogme de la véracité prophétique, sont sans intérêts.
La chronologie, le parallèle et la comparaison suffisent à apprécier l’étendue du travail de Freud.
Le temps de la recherche est entre la fin de l’âge du bronze et les débuts de l’âge du fer. Ce qui correspond, à cette période d’un certain développement dans la diffusion de l’écriture, et ce, tant au proche orient, que dans le monde grec.
Il n’est pas étonnant, que la religion de Moïse et les chants d’Homère apparaissent dans l’écriture pratiquement aux mêmes dates.
Pisistras chez les grecs et Josias pour l’ancien testament.
Dans ce mythe du meurtre, il s’agirait de la transcription d’un double déicide : celui d’abord des dieux païens et ensuite de toute représentation possible du Dieu unique. Le meurtre du père en tant que nécessaire passage au registre symbolique, lequel père symbolique désormais transcende le père imaginaire, le père archaïque, le père réel en sa signifiance fondatrice dans la maîtrise des instincts où réside l’essentiel du processus de civilisation.
Freud par de « faits tangibles », alors qu’Anssman part, lui, de l’idée que créent les « faits tangibles »., voilà ce qui sépare Freud le praticien d’Anssman le professeur.
C’est l’opposition de la pensée dynamique d’un Freud pragmatique et soucieux de la vérité, à la pensée spatiale d’Anssman basée sur une structure théorique où la « mémoire culturelle » remplace la vérité historique. Heidegger n’est pas loin.
Freud travaille à sa « praxis », au sens Karlien, quand Anssman tente de comprendre théoriquement son présent en appelant le mythe à son secours. Jan est fils, Sigmund est père au sens « Ulysse » !
Chercher à décrire et à comprendre, partir des matériaux historiques, des faits, et tenter de se mettre au niveau des acteurs qui ont créés ces événements, demande des ressources autres que « théorie et structure conceptuelle ». Freud est extrêmement prudent et avance à tâtons, il n’hésite pas à fragiliser son propos par manque de preuves, mais il reste ferme sur sa démarche pour démystifier les religions dans le champ historique.
Partir de « ce qui est là », dans sa totalité historique, et non seulement dans une chaîne d’expériences traumatiques, à l’origine duquel Jan Anssman identifie le trauma provoquer par la religion d’Amarna comme l’impulsion originelle.
Le fait religieux dans l’écriture de l’histoire, et ce, sous toutes les formes, n’échappe pas aux considérations historiques. Le mot dieu en Grèce, au 7ème siècle avant notre ère, n’est pas le dieu de Josias à la même époque. Le dieu de Moïse donne des ordres, soumet ! Celui d’Ulysse fait chanter Homère ! Celui d’Orient adorait la force, celui de la Grèce révéla la loi nous dit Ménard, qui rajoute :
Le polythéisme égyptien est tourné vers l’au de-là, celui d’Homère embrasse la terre et le ciel.
Sophocle ou Euripide, leurs écrits sont un espace libre dans lequel ni un souverain ni un dieu ne font entendre leurs instructions…
Ulysse joue le rôle de fondateur central comme le père maitrisant ses instincts, et L’Iliade et L’Odyssée sont la géniale démonstration qu’Homère chante pour la Grèce et pour l’humanité ! C’est le premier acte fondateur dans le processus de civilisation qui va donner la République et la Démocratie Athénienne !
La mer est symbole du désordre, par son aspect changeant, mouvant, elle ne peut-être l’appui de l’équilibre, du sol fondateur. La victoire est, ne peut-être que sur la terre, le véritable sol des hommes ! Ulysse réalise la concrétisation du monde humain contre le dieu de la mer, mais par là-même contre le désordre dans la bourrasque des temps des Dieux. Il n’a peur d’aucun Baal !
C’est pourquoi Homère chante Ulysse, chante le père symbolique aux fils de la Grèce qui rêvent Ulysse le père réel, celui qui amène l’équilibre, l’ordre et la victoire sur soi et sur les éléments naturels.
Il est le seul qu’Homère présente comme le « …père de Télémaque… », et non le fils de…après tous les attributs et les spécificités du seul vainqueur de la chute D’Ilion la belle aux vastes rues, il est évident et sans contestation possible, que L’Iliade et L’Odyssée ne peuvent avoir été l’œuvre que d’un génie poétique habiter par le monde et son propre temps.
C’est là que réside la suprématie de la Grèce du Parthénon polythéiste, sur le Temple monothéiste du légendaire Salomon.
La voie de Moïse, l’égyptien-hébreux ou l’hébreux-égyptien, va donner le culte de l’un, le sacre de la force du divin contre la loi, l’autorité contre la liberté, le privilège contre l’égalité.
La voie d’Homère donna Périclès qui regarda le beau comme la forme du vrai, nous dit encore Ménard, qui rajoute :
…Tout être collectif est homologue à ses parties, et comme chaque arbre à ses propres fruits, le polythéisme grec nous a donné le Parthénon, symbole de tout l’art grec, jamais égalé à ce jour.
La victoire du monothéisme sur le polythéisme, n’est en rien un apport de civilisation supérieur, bien au contraire sur bien des aspects, même si il apporte comme les philosophes grecs, la raison face au divin. Les soubresauts sanglants qu’on voit dans l’histoire au nom du divin, prouve que la raison est insuffisante à tempérer le divin, pour qu’il reste en de çà du droit et de la liberté…